Je suis un Alchimiste parce que je suis un alchimiste, dit-il tandis qu’ils préparaient leur repas. J’ai appris cette science de mes aïeux, qui l’avaient apprise de leurs aïeux, et ainsi de suite depuis la création du monde. En ce temps-là, toute la science du Grand Œuvre pouvait s’inscrire sur une simple émeraude. Mais les hommes n’ont pas attaché d’importance aux choses simples, et ont commencé à écrire des traités, des interprétations, des études philosophiques. Ils ont aussi commencé à prétendre qu’ils connaissaient la voie mieux que les autres. (Coelho, Paulo, L’Alchimiste, traduit du portugais par Jean Orecchioni, Paris, Ed. Anne Carrière, coll. « Le Livre de Poche », 1994, p. 149.)
L’interprétation alchimique des mythes dans l’Atalanta fugiens de Michael Maier
Parfois admiré, souvent envié, fréquemment moqué, l’alchimiste est une figure problématique, suscitant des avis très contrastés, divisant l’opinion publique. Ce qui attise surtout la curiosité envers un tel personnage, c’est sa faculté à avoir la foi en une discipline si exigeante, en un art capable de transformer le plomb en or. Mais c’est là un lieu commun de penser que l’Alchimie est seulement cela… En réalité, elle est bien plus qu’une pseudo-magie apportant la richesse. L’Alchimie est un art de transmutation, sur tous les plans, transformation de la matière comme de la conscience. De plus, l’Alchimie est une science, occulte certes, mais une science qui entend expliquer le fonctionnement de la Nature. Bien loin d’être seulement des recettes sur la transformation de matières viles en or, les livres alchimiques ont plutôt une vocation encyclopédique. Ces traités sont de véritables ouvrages documentés ayant la volonté de faire passer un savoir à qui peut les comprendre. En effet, le texte alchimique, quelle que soit sa forme (poésie, fiction, traité philosophique, etc.), n’est pas accessible à tous, et son message est dissimulé derrière un langage obscur, incompréhensible au premier abord. Autrement dit, le sens du texte est caché derrière plusieurs couches d’interprétations possibles.
Or, il arrive qu’un auteur alchimiste veuille, par le biais d’un ouvrage, se rendre compréhensible par une plus grande variété de lecteurs… À moins que cette apparence de transparence ne soit qu’une feinte visant à décourager ces nouveaux lecteurs, devant la difficulté de lecture ? C’est le cas de l’Atalanta fugiens, une oeuvre considérée comme l’une des plus connues et des plus belles de la littérature alchimique. Publiée pour la première fois en 1617 à Oppenheim (Allemagne), elle voit le jour au milieu de la période où l’Alchimie connaît son apogée, soit de la seconde partie du XVIème siècle au début du XVIIIème siècle. Pourtant, l’Alchimie est un art, une discipline, une philosophie, une doctrine, et encore une science dont l’histoire est longue, et dont l’origine remonte loin dans le temps. En Occident, on situe son origine en Egypte, certainement grâce à son étymologie (el-kïmyâ), dont « khem » signifie le pays noir, périphrase désignant l’Egypte. Mais l’Alchimie ne naît pas seulement en Egypte. De fait, des traces de cette discipline sont aussi retrouvées en Grèce, pour rester dans la partie occidentale du monde. C’est pourquoi celui considéré comme son père fondateur, Hermès Trismégiste, naît de l’assimilation de trois dieux mythiques, de traditions pourtant très différentes : Hermès des Grecs, Mercure des Romains, et Thoth des Égyptiens. Il s’agit d’un dieu composé de trois dieux, et, comme son nom l’indique, d’un dieu « trois fois très grand ». C’est d’ailleurs à celui-ci qu’est attribué la composition de l’un des plus anciens et célèbres (si ce n’est pas le plus ancien) traité d’Alchimie, La Table d’émeraude, en concurrence avec les Papyrus de Leyde et de Stockholm. En passant, ces oeuvres tout juste citées ne sont pas comme on pourrait s’y attendre explicitement alchimiques, il est même anachronique de les qualifier comme telles : la Table d’émeraude est un texte de philosophie hermétique, et les Papyrus sont des compilations de recettes techniques (de transformations de métaux, d’éléments, de tissus…). Quelle que soit l’époque, les livres alchimiques ne sont pas forcément aussi explicites que l’est l’Atalanta de Maier, car parfois, les indications alchimiques ne sont en fait que de simples recettes de cuisine, ou de la botanique !
Mais l’Alchimie voit ses origines remonter à bien plus tôt en Orient, auprès des travailleurs de métaux, dont l’exercice sur la pierre impliquait un travail intérieur sur l’opérateur. Ensuite, c’est le Taoïsme qui s’est approprié, ou plutôt qui a développé le savoir alchimique grâce à sa philosophie et sa religion. Tout cela pour dire que l’Alchimie n’est pas quelque chose de nouveau aux XVIème et XVIIème siècles. En revanche, il s’agit d’un art qui voit sa réputation s’étendre – en bien comme en mal – et d’une discipline de plus en plus pratiquée. C’est d’ailleurs au XVIIème que la production littéraire alchimique est la plus prolifique, notamment en Occident. L’Alchimie dessine un vaste terrain de combat, entre religions et sciences, traditions antiques et progrès scientifiques. Cet art est un acteur des confrontations dualistes entre des savoirs et des croyances soit en expansion, soit en régression. Chose intéressante, l’Alchimie peut servir tous les bords des conflits, à la fois les charlatans attirés seulement par la richesse, comme les scientifiques avides de savoir. De plus, l’Alchimie implique un mélange de choses que l’on penserait opposées, mais qui sont obligées de travailler de concert dans cette discipline : la foi (car il faut vraiment croire au miracle pour avoir la volonté de continuer dans la voie alchimique) et la rigueur intellectuelle. Aussi, à partir de la Renaissance, l’Alchimie n’est plus un savoir isolé, et bon nombre de grands noms s’y intéressent. Il était en effet normal que les Empereurs, les Rois, etc. aient à leur service autant d’alchimistes que de médecins, ceux-là se rassemblant derrière la même catégorie de savants au service d’un dirigeant. Elle est une doctrine parmi d’autres, fortement critiquée mais suscitant surtout beaucoup de curiosité. N’oublions pas, tout de même, qu’elle est à l’origine de la chimie moderne, et que l’un des plus grands médecins de tous les temps à qui la médecine du XXIème siècle doit encore beaucoup, était également alchimiste : il s’agit de Paracelse. Aussi, oubliant le cliché de l’alchimiste un peu fou entraînant la perte de son entourage en même temps que sa petite fortune, certaines personnes aujourd’hui très controversées étaient surtout des alchimistes très riches : Nicolas Flamel en faisait partie.
Entre le Mutus Liber, le Splendor Solis, le Rosarium philosophorum, et Le Livre des figures hiéroglyphiques, ouvrages que l’on compte parmi les plus beaux de la production alchimique (ce n’est pas moi qui le dis), l’Atalanta fugiens a également sa place. L’Alchimie n’est pas que la création de la pierre philosophale, elle est la création de tout un univers faisant appel à tous les arts : poésie, musique, peinture, gravure… c’est peut-être là d’abord que réside son pouvoir, dans sa capacité à mêler tous les genres artistiques au sein de ce même art, et d’en faire quelque chose de puissant, tant dans le fond que dans la forme. Ainsi l’Atalanta fugiens s’inscrit dans un paysage artistique alchimique très riche, varié, mêlant tous les arts, et révélant à la fois de réels passionnés comme de véritables imposteurs. Nous devons l’Atalanta à celui qui fut le médecin personnel de l’empereur Rodolphe II avant de gagner l’Angleterre, pour vraisemblablement y rencontrer Robert Fludd, son alter ego anglais : Michael Maier est un médecin, alchimiste, savant et écrivain allemand, ayant laissé en héritage un grand nombre d’oeuvres alchimiques, témoignant d’une impressionnante érudition savante, et d’un sens artistique exceptionnel. Si l’Atalanta fugiens fascine tant, c’est que par rapport aux autres oeuvres de Maier et plus largement par rapport au corpus alchimique, il s’agit d’une oeuvre totale : elle y mêle une grande diversité d’arts. En effet, chacun des cinquante chapitres s’ouvre sur une épigraphe rappelant une référence mythologique ayant un lien avec l’alchimie (d’après l’auteur) ; après cette mise en bouche le lecteur découvre une partition d’une courte fugue musicale – mélodie à trois voix⠀- rappelant le titre de l’oeuvre ; il vient ensuite une épigramme représentant ce que l’épigraphe avait annoncé, et un emblème illustre cette scène mythologique (emblèmes que l’on doit à Mathieu Merian ou à Théodore de Bry) ; enfin, Michael Maier explique et développe le tout à travers un discours. L’Atalanta fugiens est ainsi le parfait exemple d’une oeuvre d’art rassemblant une multitude d’arts.
Par ailleurs, Didier Kahn rappelle que c’est à partir de la Renaissance que les alchimistes plongent dans les mythologies antiques, pour combler cette lacune antique et revaloriser leur art en leur attribuant une origine classique. C’est pourquoi, à partir de cette période, les alchimistes regardent Homère, Virgile, Platon, Pythagore et bien d’autres comme de savants adeptes de l’Alchimie. Michael Maier n’est donc pas le premier à donner clairement, dans ses Arcana arcanissima, des interprétations alchimiques des mythologies antiques égyptienne, grecque et romaine. Cependant, il est le premier à le faire de manière si approfondie, voilà pourquoi il est souvent vu comme un précurseur de ce mouvement d’exégèse alchimique. Il propose en effet des interprétations très poussées et originales de diverses mythologies, comme personne ne l’avait fait avant lui ; du moins, comme personne dont nous avons connaissance aujourd’hui. Après lui, d’autres auteurs ont poursuivi et complété ses explications, par exemple Antoine-Joseph Pernety ou encore Guillaume Salmon.
L’Atalanta s’appuie également sur des mythes, mis en scène sous toutes les formes artistiques évoquées plus haut, afin d’expliquer le fonctionnement de la Nature. Il s’agit du projet de l’auteur et de l’art dont il se fait porte-parole, l’Alchimie : montrer au lecteur comment œuvre l’univers, personnifié par une Dame qui n’est autre que la Nature. De plus, celle-ci fonctionne de manière ternaire, tout comme les trois étapes alchimiques nécessaires pour réaliser le Grand Oeuvre, ou création de la pierre philosophale, elle-même aux trois pouvoirs : guérison miraculeuse de tous les maux, longévité et transformation des métaux vils en matières nobles. On sait que l’exemple le plus commun pour montrer le pouvoir alchimique, c’est la transmutation du plomb en or, cependant, l’Alchimie permet bien plus que cela…
Appelée également Grand œuvre, ou encore Art Sacré, elle fonctionne au rythme du chiffre trois. En effet, trois étapes permettent d’accomplir cette Oeuvre, si et seulement si chacune des étapes aboutit. Nigredo, l’oeuvre au noir est la première étape, elle nettoie la matière en la détruisant ; ensuite, l’albedo ou œuvre au blanc vient la rassembler, faire fusionner la matière purifiée, afin que l’oeuvre au rouge – rubedo – donne naissance à l’enfant alchimique : la pierre philosophale. Voilà les étapes de l’Alchimie et, nous dit Maier, les étapes de transformation de toute particule de matière, de la plus petite à la plus grande… L’Alchimie est seulement là pour se mettre à la taille de celui qui étudie la Nature, c’est un art qui s’adapte à l’échelle humaine. Le travail alchimique en laboratoire permet une observation et une pratique aisées du mécanisme naturel ; il permet, en s’adaptant à l’opérateur, de lui faire comprendre son fonctionnement. Mais aussi, si l’Alchimie est un moyen d’expliquer ce qui se passe au niveau macrocosmique et microcosmique, elle est d’abord le mécanisme à l’oeuvre depuis toujours, cette mécanique qui fait que la grande machine qu’est la Nature continue de croître et d’évoluer indéfiniment. Si elle explique tant de choses, il paraît alors moins surprenant de trouver parmi l’immense corpus de la littérature alchimique des livres de cuisine, de métallurgie, de jardinage, des traités de médecines et pharmaceutiques, d’astrologie, d’astronomie, et même des ouvrages religieux. En fait, tous les domaines intellectuels peuvent faire l’objet d’une réflexion alchimique, y compris le langage. À ce propos, même si elle est difficile d’accès, la rhétorique alchimique est très intéressante, car indépendamment des époques, elle entend s’exprimer dans un langage primordial, du moins proche des origines des sons servant à communiquer. Il s’agit de la langue des oiseaux, applicable à toutes les langues, qui implique un jeu sur les sonorités sans prise en compte du sens du signifiant. Comprendre la langue des oiseaux c’est, comme l’écrit Paulo Coelho, avoir accès au « Langage Universel », au « Langage du Monde ». En résumé, l’Alchimie est une discipline dont le champ d’action est vaste, et même, qui serait à l’origine de tout ce qui est dans le monde. Voilà pourquoi elle est à la fois un excellent moyen d’expliquer l’univers, tout en étant l’explication du fonctionnement de celui-ci… On le voit, c’est une doctrine difficilement réfutable, car elle semble à la fois fermée sur elle-même, tout en englobant la totalité de ce qui existe.
L’Alchimie étant l’outil d’exégèse, le support utilisé par Michael Maier est la mythologie. Le titre, référence à la figure mythique Atalante, en est l’exemple : tout part des mythes. Ceux-ci sont en effet le socle fictif sur lequel repose l’ouvrage de Maier, mais il ne se suffit pas à lui-même. De cet univers mythique, l’auteur propose une interprétation alchimique – dite chymique – comme une transposition d’un univers vers un autre. Mais, finalement, tout est prétexte et tout sert un discours sur la Nature, sur ce monde naturel qu’est l’univers physique qui nous entoure.
Il s’agira donc d’étudier l’interprétation alchimique des mythes dans l’Atalanta fugiens, afin de montrer en quoi ils permettent une poly-réflexion sur la Nature. Celle-ci est la nature environnante telle que tout Homme la connaît, érigée au rang d’entité unique par l’Alchimie unificatrice, voilà pourquoi elle porte souvent une majuscule. Les enseignements des mythes sont applicables sur tous les plans, du plus concret au plus abstrait, et permettent d’aborder tous les règnes : du minéral au divin, en passant par le végétal, l’animal, et l’humain. En quoi, au travers de ce qui semble être de petits récits fictionnels particuliers, l’interprétation alchimique permet de montrer que les mythes mettent en scène des réalités universelles, ne s’appliquant pas seulement à la vie sur Terre mais au cosmos entier, de la plus petite particule physique à l’énergie la plus subtile ?
Les mythes présents sont puisés dans les mythologies grecque, romaine et égyptienne, autrement dit, dans l’héritage de la mythologie antique occidentale. Le mythe n’englobe pas toute histoire fictive, il n’est pas non plus à confondre avec la fable, le conte, l’allégorie ou la légende… il s’en distingue. Pour être précis, Franck Evrard définit le mythe comme « un récit, d’origine religieuse, qui raconte des événements antérieurs à l’ordre actuel. » Il se distingue des autres genres évoqués ci-dessus par « son dynamisme⠀», « son retour au réel », et même par « son aspect général. » Les mythes qui constituent l’Atalanta sont la plupart du temps très connus, donc facilement identifiables. Cependant, ils peuvent se confondre avec des faits ou des figures historiques, mais l’auteur ne manque pas de rappeler, après avoir donné des versions des mythes, que ceux-ci sont purement allégoriques.
Afin de mener à bien ce travail, nous nous appuierons sur le texte original en latin, mais également sur l’unique traduction française disponible, L’Atalante fugitive, parue au siècle dernier, et que l’on doit à Étienne Perrot. Le texte en latin sera retranscrit avec le plus de fidélité possible au texte de l’auteur, et sa traduction l’accompagnera. D’ailleurs, il est curieux de se rendre compte que l’alchimiste allemand Maier a choisi cette langue afin d’écrire son texte, ses textes mêmes, car la plupart de ses ouvrages figurant dans sa production écrite sont en latin. En réalité, il n’est pas un cas isolé, car la majorité des écrivains alchimistes occidentaux de cette époque ont également choisi le latin comme langue d’expression, quelle que soit leur langue maternelle : allemand, français, anglais… le latin les unit, comme leur langue savante afin de communiquer à propos de leur art. De fait, le latin est la langue par excellence de la République des Lettres (la Respublica Literaria), opposée à la langue vulgaire, la langue du peuple.
Dans ce qui suit, il s’agira essentiellement d’une réflexion thématique sur les mythes présents dans l’Atalanta, s’appuyant sur l’analyse de plusieurs formes d’arts. À ce propos, l’Atalanta est une oeuvre déjà maintes fois étudiée, particulièrement à travers le prisme de l’histoire de l’art : je pense par exemple à la thèse d’Helena Maria Elisabeth De Jong sur les sources des épigraphes et de l’oeuvre entière, ou encore à la thèse d’Emilie Granjon sur la sémiogenèse de la symbolique alchimique à travers les gravures. C’est effectivement grâce à ses emblèmes que cette oeuvre est connue, alors que ce qui entoure ceux-ci font moins l’objet d’étude et de fascination. Etienne Perrot le traducteur a mené un travail sur les textes de l’Atalanta, mais s’inscrivant après l’ouvrage de Jung sur l’alchimie, il fournit une explication psychanalytique des textes. Ceci ne sera pas notre angle de vue. Bien qu’intéressante, la psychanalyse livre des interprétations trop réductrices de l’imaginaire mythologique et de l’alchimie, renvoyant ces deux mondes dans l’inconscient collectif, mettant de côté les phénomènes physiques. Parallèlement, il ne s’agira pas non plus de mener un exposé exclusivement chimique de cette oeuvre, dans le sens où les réalités physiques seront présentes au même titre que les spirituelles. En somme, ma démarche plus littéraire et philosophique s’attachera à consulter le texte et à voir en quoi il entretient une relation dynamique par rapport à l’ensemble de l’oeuvre, autrement dit par rapport aux autres arts : la gravure, la musique… sans oublier l’Alchimie qui en fait partie.
L’Atalanta fugiens est une oeuvre alchimique majeure, très connue, mais paradoxalement peu étudiée, quels que soient les domaines. Elle a souvent sa place dans les bibliographies portant sur des recherches à propos de l’Alchimie, qu’elles concernent le penchant scientifique, artistique, littéraire ou ésotérique de cette discipline, mais peu nombreux sont les ouvrages qui se concentrent exclusivement sur cette oeuvre. Et puis, s’ils le font, c’est pour ne prendre en compte qu’un seul aspect de celle-ci : la musique ou les emblèmes bien souvent. C’est un pari risqué, mais ce mémoire portera sur l’oeuvre entière de l’Atalanta fugiens et tous ses aspects, partant du principe que chaque élément prend tout son sens par rapport aux autres. Les textes seront forcément le point de départ de chaque idée, mais nous essaierons au maximum d’appréhender les discours avec tout son environnement, considérés non pas comme des ornements, mais comme des éléments dépendants des textes, et dont les textes à l’inverse dépendent.
À la lumière de notre démarche (c’est-à-dire la prise en compte à la fois des textes, des emblèmes et de la musique), et de notre sujet (soit l’interprétation alchimique de la mythologie), l’Atalanta fugiens est la seule oeuvre qui permet ce travail, rassemblant à elle seule différents arts au service d’une exégèse alchimique visant à fournir une explication du fonctionnement de la Nature. Ainsi, ce travail ne pourra pas être exhaustif. C’est un parti pris, celui de proposer un travail plus thématique qu’analytique. En revanche, nous verrons ce que les textes de l’Atalanta apportent au discours alchimique, et ce que les choix des mythes disent sur le rôle de la fiction en rapport avec une science censée expliquer le monde naturel.
Respectant la tradition alchimique du cheminement en trois parties, mon travail s’organisera autour de ces trois étapes alchimiques : la nigredo premièrement s’attachera à examiner l’oeuvre, séparer les éléments la composant, les inspecter individuellement ; ensuite, l’albedo permettra de rassembler les pièces que nous aurons préalablement séparées, afin de les remettre dans un contexte de grand Tout cohérent ; enfin, l’albedo permettra d’aller plus loin et d’envisager… l’impossible dans cette réalité : son dépassement, la compréhension globale dans le particulier, dans l’Un. Cette dernière étape, celle de la naissance de la pierre philosophale, permettra en effet de repousser les limites de l’imaginaire, afin d’accéder à une autre réalité, à un nouvel état de conscience que l’obtention de la pierre permet.
Ceci est l’introduction de mon mémoire de Master 2, mémoire entièrement consultable et téléchargeable ICI !
Et aussi : voir ici mon premier mémoire, sur La place de l’homme dans l’univers chez Blaise Pascal et Lao-Tseu.