Question de 3h58.
Pourquoi tu ne dors pas ?
Le bruit de la vie en-dessous.
Le bruit d’une respiration à côté.
Le bruit sourd de pas au-dessus.
Mais surtout
Le pire…
LE BRUIT DES PENSÉES DANS LA TÊTE
Assourdissant. Un moindre assoupissement le réanime de plus belle, encore plus fort, hurlant toujours, augmentant les décibels.
Ce bruit qui fait oublier tous les autres
C’est aussi celui qui les fait exister
En créant une cacophonie insupportable
Et une bataille acharnée : qui est le plus fort ?
Mais c’est lui, bien évidemment, qui rend assourdissants les bruits extérieurs, comme pour faire oublier sa propre existence. Sa propre présence qui est la source de tout.
Il est celui qui dit « réveille-toi ! » mais te fais croire que c’est de la faute du voisin. Il est celui… mais c’est toi ! Tes propres pensées. Ton propre bruit. TA PROPRE POLLUTION MENTALE QUE TU TE CRÉE ET À TRAVERS LAQUELLE TU ACCUSES LE MONDE EXTÉRIEUR. Mais ça vient de toi.
Comprends-ça, maintenant.
C’était la réponse à 4h01.
Maintenant on dort. RIDEAU.
[…]
Tu viens de lire ce petit texte, écrit par… moi, à 3h58 (ou peut-être avant, ou peut-être après). Écrit à l’heure où celui qui est éveillé est alors insomniaque, en tout cas.
Ceci non pas pour faire un tableau pathologico-affolant à la 4.48 Psychose de Sarah Kane, mais plutôt pour illustrer quelque chose qui dépasse de loin le problème de l’insomnie : les pensées. Mieux : le mental. Le mental envahissant qui créé des pensées en désordre, sans filtre, et les laisse défiler sans fin. Pas de porte de sortie : seule une porte d’entrée, que dis-je, un portail grand ouvert ! La tête comme un sas qui accumule tout.
Ceci me paraît être une représentation plutôt fidèle de l’intérieur d’une majorité de personnes. J’aurais voulu dire : de leur esprit, de leur cerveau, mais ce serait désigner des lieux auxquels il ne faut pas lier systématiquement les pensées.
Le mental est une partie de la vie intérieure. C’est quand celui-ci est trop présent, voire exclusivement présent, que la vie intérieure n’est plus « vie ». Elle est BRUIT. Bruit intérieur perpétuel. Et c’est certainement une des pires pollutions qui existe actuellement : la pollution mentale de laquelle découle les pollutions qui nous paraissent les plus évidentes : émotionnelles et sonores, principalement. Car, dans l’exemple du dormeur qui n’arrive pas à trouver le sommeil, ce ne sont pas les bruits extérieurs qui vont provoquer un non-endormissement du corps comme de la pensée, mais plutôt une absence de silence de la pensée qui va tenir l’insomniaque éveillé et lui faire entendre les bruits extérieurs à lui, comme lui en faire créer à lui-même, lorsqu’il se tourne violemment dans son lit, ne parvenant pas à se détendre , ou se levant rageusement pour une énième pause-pipi.
Ceux qui me connaissent me reconnaîtrons peut-être. Mais mon but n’était pas de me dévoiler… c’est sans doute déjà trop tard.
Pour revenir aux pensées, c’était donc mon avis sur la question, partagé par beaucoup, je le sais ! En tout cas, malgré le ton un peu plat et légèrement déprimant que j’ai employé pour exprimer ça, il faut savoir que je trouve que tout ceci est énormément porteur d’espoir : en effet, si le monde extérieur est le reflet de notre vie intérieure, il est en notre pouvoir de tout changer, non ? Le plus dur est, à mon sens, de faire taire ce mental, ou plutôt, de le maîtriser (et non pas de le contrôler !)
Aaaah! Les pensées…! Les pensées qui, comme des millions de fourmis, nous grignotent l’esprit… celles-la même qui peuvent vous faire croire que vous êtes fou, malade mais toujours pas endormi, ces petites voix qui vous remplissent la tête à vous en faire péter la cervelle et qui vous font philosopher sur des sujets qui frisent le ridicule, à cette heure de la nuit: » si mon patron me dit ça, je lui répondrai… » Mais non, bien sûr sur vous ne lui direz pas et c’est bien pour ça qu’elle tourne dans votre crane, cette phrase, justement, parce qu’elle n’a jamais pu sortir. Alors elle vous ronge de l’intérieur, elle vous pourri le nuit aussi sûrement que la vie et demain, excédée de fatigue, vous la lancerez à votre mère ou à votre conjoint, mais surtout pas à votre patron… puis vous vous prenez à imaginer ce qu’il se passerais si vous lui disiez quand même, à votre patron: sa colère, ses mots dur et cinglant dont il vous gratifie quand il estime que 5mn de retard c’est inadmissible alors qu’il ferme les yeux sur le quart d’heure supplémentaire que vous lui offrez, ses menaces à peines déguisés, ses façons de vous montrez qu’il est tout puissant et vous, tout petite, et enfin ce vent de démission forcée qui vous souffle entre les oreilles car il faut que ça s’arrête et qu’il ne vous licenciera jamais car ça coûte bien trop cher, alors il vous poussera tout les jours un peu plus, soit à plus de soumission, soit à une jolie démission, dont il vous culpabilisera, car, enfin, vous ne connaissez pas votre chance, à travailler pour lui, et vous êtes bien ingrate. Et puis, comment lui dire que votre manque de productivité vient du fait qu’il hante vos nuit? Vous ne pouvez pas arriver en le secouant comme un prunier en lui hurlant : » Mais tu vas me laisser dormir, oui? » Vous ne pouvez pas non plus lui dire plus calmement que vous pensez à lui la nuit car vous n’oserez pas continuer à lui expliquer que ce n’est pas en bien après le sourire plein de sous-entendu qu’il vous lancera et peut-être même la réflexion trés déplacée qu’il osera puisque sa femme (et employée comme vous) n’est pas là ce matin, et qu’elle vous a d’ailleurs chargée de finir son dossier vu qu’elle se fait coiffer et manucurer sur son temps de travail, et qu’elle ne peut pas tout faire… travailler ou s’occuper de soi, il faut choisir! Non, vous ne pourrez sans doute pas lui dire tout ça, et d’ailleurs, ce serait un peu injuste… car, la personne qui vous empêche de dormir, ce n’est pas lui: C’est vous! Ou plutôt, votre mental qui fait tout pour vivre au travers de ces pensées envahissantes au point que vous croyez qu’il n’y a que lui en vous et que d’ailleurs, Vous êtes lui. Ce n’est que lorsque vous aurez acquis qu’il existe à travers vous, qu’il est important mais qu’il n’est pas uniquement ce que vous êtes, que vous pourrez apprendre à le maîtriser et de ce fait, vous réveiller pleinement, vous, l’être intérieur puissant et rempli d’amour que vous ne pouviez entendre, avec tout ce vacarme… et alors la paix et son silence bienfaiteur vous envahira. Dire qu’il faut simplement s’éveiller pour pouvoir dormir sereinement… voici ma réponse de 6h du matin, après en avoir dormi seulement 4…
Oui! J’étais entrain de chercher sur internet la raison de cette « tête bruyante » que j’ai la nuit ou le matin avant de me réveiller, même si évidemment je ne suis pas non plus entrain de dormir, contrairement à ce que je pourrais penser… L’horreur c’est quand on réalise qu’on n’est absolument pas entrain de dormir et que tous ces bruits deviennent inaudibles. Des discussions sans queue ni tête, changements de sujet complètement improbables parfois toutes les deux secondes, des images, des souvenirs d’une phrase sans importance, qu’on s’entend repéter en boucle, des bruits de voitures et d’embouteillages inventés, parfois ça crie, … et tout à coup « Mais pourquoi en fait? »